mardi 21 février 2012

Espagne: l'austérité fait mal.


    C'était une foule gigantesque qui défilait hier dans toutes les villes d'Espagne. Plus de 1 million en tout selon les syndicats, 300 000 selon la police. Les Espagnols durement frappés par le chômage (la moitié des 16-24 ans, le quart de la population active.). Ils manifestaient contre une nouvelle réforme du travail.
    Voilà ce que tous les médias de masse ont dit, sans aller plus loin. Mais quelle est la cause de cette « grogne », comme diraient les JT, faisant ainsi passer les mécontents pour des cochons, dont le grognement est le cri?
    Pourquoi les Espagnols « grognent »-ils comme des cochons?
Parce qu'un "décret-loi" a été adopté par le gouvernement conservateur, sans passer par la case Assemblée. Mais outre la forme dictatoriale de cette mesure anti-chômage et anti-crise, c'est le contenu de cette révision du code du travail qui est mise en cause.
    Voila ce que contient cette réforme-:


En gros:
-Elle facilite le licenciement:
     -la durée d'indemnisation maximale passe de 42 à 24 mois. Le chômage est accordé à valeur de 33 jours par année travaillée, contre 45 auparavant.
    -promotion du licenciement économique: les entreprises peuvent virer leurs employés à hauteur de 20 jours par année travaillée, pendant un an maximum (quel est le minimum?) si l'entreprise enregistre 9 mois successifs de baisse de salaire.
    -suppression de la négociation avec les syndicats pour un plan de licenciement, car cela entraînait trop d'indemnisations complémentaires.
        Ainsi, les entreprises auront moins de scrupules budgétaires à virer leurs employés. Mais cette réforme vise à diminuer le chômage! Si, si! C'est ce que le gouvernement espagnol a dit! Autant soigner les banques en leur donnant de l'argent...
-Elle invite à une précarisation illimitée:
     -Les CDD peuvent être enchaînés par un même salarié sans limite maximale.
        Grâce à cette loi d'ores et déjà appliquée, l'entreprise peut disposer d'esclaves. Les CDD interdisent les perspectives d'avenir. "Je crains que notre génération ait moins de droits que celle de mes parents, que nous ne vivions pas aussi bien. Je sens que l'Espagne et l'Europe retournent en arrière avec ce genre de réformes", confiait Jordi Alsedo, un étudiant ingénieur de 23 ans, vêtu de noir, d'après l'AFP et tous les médias de masse.
-Elle offre des avantages fiscaux paradoxaux aux entreprises:
    -Pour un CDI d'au moins 3ans (voilà le paradoxe!) accordé à un jeune de 16 à 30 ans ou un chômeur longue durée de plus de 45 ans, les PME touchent 3600 euros de déduction fiscale.
        Ce qui fait un employé payé pendant 3 mois par l'état, et gratuit aux PME. Quelle aubaine! Et cette réforme vise à rembourser la dette!

    Conclusion: Cette réforme donne carte blanche aux patrons et actionnaires pour disposer d'espagnols-esclaves. Il y a de quoi s'alarmer! C'est bien normal que les Espagnols se révoltent! Mettre leurs emplois sur une sellette facilement expulsable, leur donner le statut officiel d'intermittent du travail, payer les employeurs avec l'argent des employés pour baisser des statistiques, etc...

    Je ne suis pas violent, je soutiens avant tout le droit à la vie. Mais face aux décrets antisociaux et antidémocratiques que les gouvernements d'Europe mettent en place, il serait temps de se réveiller. Le couteau que les Grecs ont sous la gorge s'étend aux gosiers de tous les peuples d'Europe. Ceux qui le tiennent sont la BCE et le FMI. Ce sont eux qui exigent que l'on rembourse ces dettes colossales et illégitimes. Les politiciens acquiescent sans sourciller. Donc les peuples qui ont élu de tels représentants vont en subir les conséquences. Ce n'est que le dernier maillon de la chaîne qui trinque! 

    A qui? A quoi? Qui sont les créanciers de la dette européenne? les intérêts payés par l’État au titre de la dette enrichissent avant tout les actionnaires des banques et des assurances (preuve ici). Ah! D'accord! Donc nous devons rembourser l'argent qui travaille tout seul!
    Une petite vidéo du journal de personne dit cela en introduction:
« Non… ne me dites pas que votre argent travaille, ce sont les hommes qui travaillent, qui suent et qui saignent pour que la planche à billets fonctionne.
Ne me dites pas que ce sont les hommes qui font travailler l’argent… dites-moi que ce sont des hommes qui font travailler d’autres hommes et leur volent le fruit de leur travail…
On nous vole notre force de travail… la seule chose qui vaille ! »



Les réformes d'austérité espagnoles,
linogravure de © Benjamin Baret ®
    La Grèce subit son éniéme plan d'austérité, dicté par les banques qui ont d'ailleurs causé cette crise. Elles jouent au loto. C'est au tour de l'Espagne aujourd'hui. Demain, à qui le tour? à la France? Attendons le joli mois de mai pour se prononcer.

    Un article de Benjamin Baret, issu d'actualinos

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