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Les nouveaux pirates, linogravure de Benjamin Baret |
Beaucoup d'Etats viennent de déclarer une guerre sans merci contre les hackers, représentés par les Anonymous. Ainsi, de nombreux cyber-pirates se sont faits arrêter et condamner à de lourdes sanctions. Mais quels actes atroces qu'ils ont bien pu accomplir pour être considérés comme des voleurs barbares?
Internet, un nouveau monde en construction
Internet était
jusqu’alors un continent très nouveau, donc peu censuré, majoritairement
utilisé par les jeunes, contrairement à la politique. Les grands oligarques
sexagénaires du globe ont voulu utiliser le pouvoir d’internet : ils ont
fait des sites d’« utilité publique », des magasins virtuels, contenant
des données très importantes. Malheureusement, la jeunesse anonyme contrôle
mieux qu’eux ce nouveau monde ! Elle a cartographié son territoire, créé de nouvelles embarcations plus solides, plus rapides et moins détectables.
Cette jeunesse a su tisser sa propre toile, fabriquer son propre monde. Et puis
elle s’est constituée une véritable bibliothèque d’Alexandrie gratuite nommée
Megaupload, gratuite et gigantesque. N’ayant pas les moyens d’accéder à la
culture bien trop chère présentée dans le monde réel (comprenez financier) dans
lequel elle vit, elle a étanché sa curiosité par les moyens qu’elle a trouvé.
Oui mais ce nouvel
espace virtuel n’appartient pas vraiment à quelqu’un. Il se situe en marge du
monde réel. Certains hackers connaissent très bien le fonctionnement de cet
univers, ils peuvent contrôler ce qu’il s’y passe, transformer ce qu’il s’y
trouve, etc… Et les gouvernements n’ont pas le pouvoir absolu sur ce nouveau
média. Les idées subversives peuvent y être diffusées librement, ce qui a
entrainé le « printemps arabe », « l’été espagnol »,
« l’automne américain ».
Les bateaux-pirates des Anonymous
Certains pirates
se sont rassemblés, organisés, politisés. Ils se sont appelés Anonymous, et ont
démontré leur puissance grâce à des actes virtuels incroyables: ils ont détourné de l’argent du ministère de la défense
américaine au profit d’associations caritatives, ils ont diffusé des données
strictement confidentielles de certains des plus grands oligarques, etc...
Hackers signifie pirates. Les pirates peuvent être définis comme volant aux riches pour se donner à eux-mêmes. Mais les Anonymous ne sont pas intéressés par les richesses personnelles! Ce sont des robin-des-bois ! Ils volent aux riches pour donner aux pauvres, ils transgressent les règles pour faire passer un message.
Malheureusement,
le monde réel les a rattrapé. Les états ont déclaré la guerre aux
téléchargements, ils ont fermé et brûlé la grande bibliothéque du web. Ils ont
enfermé quelques cyber-activistes (dont un gamin de 15 ans en France). Ils ont
voulu faire passer des lois tyranniques obligeant les fournisseurs internet à
bloquer les sites ne respectant pas les « droits d’auteur » (Google,
Youtube, Facebook, etc.). Ces lois sont soutenues par les grandes maisons de
disques, l’industrie du cinéma, et autres maisons d’édition ou grands
distributeurs.
Les vrais pirates
Qui sont donc ces
pirates ? Regardez un peu mieux ! Qui vole à la fois aux artistes et
aux consommateurs ? Qui se fait des marges inadmissibles sur les produits
culturels ? Vous y êtes ! Les grandes maisons de disques, l’industrie
du cinéma, certaines maisons d’édition ou grands distributeurs. Voici quelques
graphiques représentant la répartition de l’argent dépensé par le consommateur
pour de la musique ou des livres.

Malgré le peu d’argent
gagné par les artistes sur la vente de leurs œuvres, certains amassent tout de
même des fortunes considérables grâce aux moutons guidés par les modes. Lady Gaga a ainsi ouvert un supermarché ne
contenant que les produits de sa marque.
Il y a également
les pirates sévissant sur le marché spéculatif de l’art ou l’industrie du cinéma. Et puis les droits d’auteurs non
réclamés à la SACEM (souvent par des artistes peu connus) reversés aux artistes qui gagnent le plus, le problème du statut d’intermittent
du spectacle, etc…
Ne venez donc pas nous dire, chers politiciens, que la
fermeture de Megaupload ou bien les lois anti-téléchargements ont pour but de
protéger les artistes. Croyez-vous que le peuple est assez bête pour ne
pas comprendre qui vous protégez en voulant conserver ce système de diffusion de la culture qui remplit beaucoup de poches?
Certes, le téléchargement gratuit n'est pas normal, car l'oeuvre ainsi récupérée ne rapporte absolument rien à l'artiste qui l'a créé. Mais les parasites qui s'octroient des marges hallucinantes sur la vente finale d'une oeuvre alors qu'ils ne sont que des intermédiaires sont au moins tout aussi blâmables.
Il s'agit pourtant de l’accès à la culture, du droit d'un artiste à jouir pleinement des fruits de son travail, de la libre diffusion des idées. Rien de moins.
Un article de Benjamin Baret
Un article de Benjamin Baret
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